J'ai froid. Je meurs de froid. Mon corps est gelé et j'ai la chair de poule. Mes dents claquent de manière incessante. Mon souffle est faible. J'ai un douleur qui me brûle le ventre. Ma main touche le point douloureux, et je sens quelque chose de chaud s'y déposer. C'est chaud, c'est liquide, c'est rouge. C'est mon sang. J'ai peur. Quelque chose semble contempler mon agonie. Ou quelqu'un. Je ne sais pas tellement. Ma vue est trouble, je ne sens plus rien. La douleur me quitte, et la vie en fait de même. Mes paupières sont lourdes, tellement lourdes. Mes yeux se ferment, mon sang coule, et je perds connaissance.

**

_ Hé, mademoiselle? Hé ho! Mademoiselle ? Vous m'entendez? MADEMOISELLE?

J'entends un vague son mais je ne distingue pas ce que c'est. On croirait que ce sont des paroles. Je tente d'ouvrir les paupières, mais je n'y parviens pas. J'entrouvre les yeux et une lumière m'éblouis. Je tourne la tête à droite, puis à gauche. Je ne sais pas où je suis, ni en compagnie de qui. J'ouvre la bouche et tente d'émettre un son. J'entends une voix, cette fois de plus en plus distincte.

_ Mademoiselle? Est ce que vous m'entendez? Si vous m'entendez serrer ma main.

Qui est ce? Mince, je ne comprend pas ce qu'il m'arrive. Je me concentre sur ma main, et sens que quelque chose est en contact avec ma paume. Cela doit être la main de l'homme qui parle. Je tente de la serrer fort, mais je renonce. J'ai l'impression que toutes mes forces m'ont quittées.

_ Elle a serré un peu ma main. Elle est consciente. On ne doit pas la perdre, elle à perdu beaucoup de sang.

Moi? Que c'est ce qu'il m'arrive. Je ne me rappelle pas ce qu'il s'est passé. Mon dieu. La dernière chose qui me revient en mémoire est que comme à l'accoutumée, j'ai fais mon travail, et que mon client de ce soir était particulièrement sexy. Après, c'est le trou noir. Qu'est ce que j'ai? Comment me suis-je fait blesser? Et qui m'a trouvée? Tellement de questions sans réponse. J'ai sommeil, tellement sommeil. Et ma tête, elle me fait un mal de chien.

_ Mademoiselle, essayer d'ouvrir les yeux s'il vous plait. Vous ne devez pas vous endormir. C'est très important. Mademoiselle?

J'ai tellement envie de dormir. Mes yeux se ferment, malgré moi. Je ne peux même pas dire si j'ai mal, je ne ressens plus rien. La seule chose que je sens, c'est l'odeur de sang. Et c'est horrible. J'ai envie de vomir.

_ Comment vous appelez vous Mademoiselle? Dites moi votre nom. Mademoiselle?

Han mon dieu. C'est dur de ne pas dormir. J'ai la tête qui va exploser. Je veux me couper le nez tellement cette odeur d'hémoglobine me fou la nausée. Je sens que je vais m'évanouir.
J'ouvre la bouche et tente de prononcer mon nom. Sans succès. Mes yeux se scellent, comme si je ne les ouvrirais plus jamais.
Ma vie m'échappe à nouveau. J'arrive cependant à prononcer deux mots.

_ Alexandra Morrison...

Je perds conscience. Je ne sens plus rien. Ni l'odeur du sang, ni mon mal de tête. Mes battements de coeur s'éteignent, et je ne perçois que ces mots avant de m'en aller...

_ On la perd! Vite! Je n'ai plus de pouls. Défibrillateur! ...

Je reviens petit à petit à la vie. Les sons et les odeurs me redeviennent familier. Je sens à nouveau cet odeur de sang que je déteste tant, et je réussi à entendre le médecin parler à ses collègues.

_ Elle revient. Il faut opérer son abdomen en vitesse avant de la perdre à nouveau. Elle perd bien trop de sang.

J'essaie d'ouvrir les yeux, mais je n'y parvient pas complètement. J'entends un 'bip bip' régulier mais lent. J'essaie de comprendre où je suis et ce que je fais là. Mes yeux finissent par s'ouvrir et je suis éblouie par un néon très puissant juste au dessus de mon visage. Mes yeux se ferment, puis se rouvrent. Cette fois, je vois le visage du médecin qui me dit que je vais devoir être opérée. Ce 'bip bip' commence à me filer mal au crâne. Et en plus, ça ne s'arrête pas. Serait-ce mes battements de cœur? Certainement.
Je sens quelque chose qui se pose sur mon visage, un masque d'anesthésie je pense. Et je m'endors en quelques secondes...

**

J'ouvre les yeux et je suis dans une salle différente de celle de tout à l'heure. Tout est blanc, pas de spot dans la figure, et il y a même une fenêtre. La seule chose similaire est ce bip bip incessant qui me tape sur les nerfs. J'ai des fils de plastique dans le nez, dans le bras, et j'ai un douleur à l'abdomen.Je soulève le drap et regarde, mais ne peut apercevoir qu'un pansement.
J'ai la bouche sèche, et j'ai soif. Tellement soif. Depuis quand n'ai-je pas mangé et bu? Aucune idée, mais là, mon estomac cri famine. Je cherche quelque chose du regard, ou bien même quelqu'un. Une personne qui pourrait me renseigner sur ce que m'es arrivé, ainsi que le pourquoi du comment. Je me redresse et le lit grince. Qu'est ce qu'on est mal dans les pieux des hôpitaux. C'est vraiment inconfortable ce matelas. Soudain, alors que mon regard se perdait dans le vide, j'entends quelqu'un entrer.

_ Comment vous sentez vous mademoiselle Morrison?

Je me tourne, et je vois face à moi le médecin de tout à l'heure. Certainement celui qui à procédé à mon opération. Il m'envoie un sourire que j'aimerais lui rendre, mais je n'ai vraiment pas la force de sourire à l'instant présent. J'ai la voix rauque, comme si je n'avais pas usé de ma gorge depuis des semaines.

_ Je... Je vais bien.

Le médecin semble soulagé, il me pose une main sur l'épaule, et ajoute, comme pour chasser toute mes inquiétudes.

_ Ne vous tracassez pas, vous êtes sortie d'affaire. Nous avons pu intervenir à temps. La lame n'a pas touché de point vital, vous avez juste perdu beaucoup de sang. Il faudra vous reposer ici pendant un peu de temps.

La lame? Je me suis fait poignarder? Mon dieu, quelle horreur. Mais alors qu'ai-je donc fait pour mériter cela? Et puis, la drogue ne m'aide pas vraiment à me rappeler. Hier, j'étais encore totalement défoncée avant de monter dans l'auto de mon client. Quelle vie de débauchée!

_ Il y a eu agression Mademoiselle, et il va falloir porter plainte.

Porter plainte? Alors que moi même j'exerce un métier qui est illégal. Je me vois déjà arriver cher les flics et dire "Bonjour, je suis une prostituée qui se drogue et je viens porter plainte parce que je me suis fait poignarder. En revanche, je ne sais pas par qui, j'étais trop shootée pour ça."
Quelle bonne blague !

_ Non, je pense que cela ira, je vous assure. Je resterais sur mes gardes à l'avenir.

Le médecin ne semble pas vraiment convaincu de la réponse que je viens de lui donner. Il tente alors d'ajouter.

_ Vous êtes su..?

Je ne lui laisse pas le temps de finir, et je le coupe pour clore le débat.

_ Oui, sûre et certaine.

Il ne bronche pas, et se contente de m'examiner pour voir si tout va bien. Il semble satisfait, ce qui m'informe que je n'ai pas de complications. J'ai juste un petit mal de crâne, qui ne s'améliorera pas si j'entends encore de bip bip qui va me faire devenir dingue.
Avant que le médecin ne quitte la chambre, il se tourne vers moi et me dit en souriant.

_ Je vais vous faire apporter un repas. Vous devez avoir faim.

Je lui sourit chaleureusement, et il quitte la pièce. Mon dieu, je sens que je vais dévorer ce qu'on va m'apporter. Que ce soit bon ou mauvais, qu'importe. Il me faut manger quelque chose.
Avant que le plateau repas ne me soit apporté, je suis prise de spasmes, et je tremble. J'ai froid, mais chaud, et je me sens vraiment mal. Et merde, je suis en manque. Va falloir qu'il me file de la morphine ces cons là. Je cris de toute mes forces, et mon médecin accoure en vitesse. Il semble se demander ce qu'il m'arrive, et je fais mine de me tordre de douleur, en me tenant le ventre.

_ Merde, elle souffre. Vite, apportez moi la morphine!

Je sens le liquide se répandre dans mon sang, et mon corps semble instantanément soulagé.
Putain, il faut que je sorte de ce trou à rat en vitesse..